Concevoir les interfaces d'une gamme de produits mesurant l’état de santé du foie
FibroScan® - Echosens
Client | Echosens |
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Partenaire | Nova |
Services |
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Durée | 6 mois |
Équipe | 2 personnes |
Le besoin d'interface de qualité est particulièrement présent dans le domaine médical. Dans le cas présent, la société Echosens a sollicité notre équipe pour ses compétences dans le design IHM afin de concevoir le produit FibroSan®, en partenariat avec les designers objet de la société Nova.
Un outil qui révolutionne la pratique de l’hépatologie au niveau mondial
Commercialisé à partir de 2004, FibroScan® est un outil de diagnostic très innovant qui mesure de manière non-invasive la quantité de fibrose et de stéatose dans le foie, tout en améliorant la prise en charge et le suivi des patients.
Cet appareil révolutionne la pratique de l’hépatologie dans le monde entier en permettant de limiter le recours à la biopsie hépatique réputée douloureuse. Non-invasif, simple et rapide, FibroScan® mesure l’état de santé du foie à l'aide d'ondes élastiques basse fréquence, appelées "onde de cisaillement", dont la propagation est suivie à l'aide d'ondes ultrasonores.
Un nouveau design global pour répondre à une montée en gamme
En 2009, Echosens envisage la montée en gamme de ce produit en tablant sur un nouveau design global de l’appareil. D'un point de vue marketing, cette nouvelle version doit marquer une nette évolution du produit qui doit passer d'une interaction clavier/trackball à une interaction directe tactile.
Le travail sur le design objet de Nova d'un côté et notre travail sur le design numérique de l'autre vont permettre de décliner le produit dans une gamme cohérente, en jouant sur une gestion de versions logicielles intermédiaires pour mettre à jour les anciens supports et diversifier les usages.
Des observations d'usage réalisées sur le terrain, dans les hôpitaux
Les designers d’intactile DESIGN ont d'abord observé in situ l'usage du FibroScan®, faisant ainsi remonter l'utilisation de terrain, les gestes et les perceptions des usagers, leurs valeurs, leurs exigences et leur ambiance de travail globale. Ils ont ainsi pu définir les bons questionnements de conception : quel est le temps accordé à la mesure ? Quel est le parcours du regard sur l'écran ? Quelle est la compréhension des images abstraites des usagers qui n’ont pas le même niveau de formation ?
À distinguer d'une évaluation quantitative plus longue, cette approche qualitative permet de porter un regard ingénu sur les usages de terrain de façon à en faire émerger les caractéristiques principales pour placer les bons questionnements de conception.
La conception participative facilitant le travail interdisciplinaire
La conception participative réunissait plusieurs disciplines : un médecin expert attaché au protocole, un chercheur, un "marketeur", responsable de la formation, un développeur d'algorithme de visualisation, un développeur d'interface et des designers. Sans supports visuels, chacun aurait visualisé mentalement une interface différente à chaque idée énoncée, surtout quand l'idée requiert la capacité à se représenter un enchaînement d'écrans. Ce temps passé à identifier les malentendus aurait alors pu fatiguer l'équipe sans aboutir à quoi que ce soit. C'est pourquoi les designers outillent les réunions de conception avec des supports visuels de manipulation de l'idée tels que le wall communication, le croquis, les maquettes papier d'écrans et les storyboards d'usage.
"Ce temps de partage des points clés liés aux diverses disciplines est toujours un moment d'une richesse extrême au niveau de la vie d'une entreprise. C'est l'occasion d'un partage de connaissances."
Ces outils low tech permettent d'esquisser rapidement les interfaces, de jouer des scénarios d'usage, de les partager sans ambiguïté de compréhension et de les modifier en direct. Les concepts de base de l'interface sont ainsi mis en place en s'appuyant sur l'ensemble des compétences rassemblées autour de la table.
Le croquis réalisé lors de la première séance de co-conception contient toutes les idées de base : la sonde est dessinée derrière les mots pression ; un pictogramme est associé au feedback ; les tirets verts évoquent la direction de l'onde envoyée du haut vers le bas et un cercle les entoure, ainsi que les zones supérieures des previews de l'onde ultrasonore. "Et si le feedback de pression était placé dans cette zone ? On briserait alors l'alignement des trois parties verticales, qui suggèrent un enchaînement, et on exprimerait plus une simultanéité en associant verticalement la pression avec l'image de feedback ultrasonore. Le graphisme de la pression pourrait aussi être directement sur le fond, sans cadre, pour le mettre sur un autre plan."
Au fur et à mesure des versions, le feedback graphique de pression de la sonde a perdu sa forme étirée et a pris une forme plus circulaire, plus évocatrice d'une notion de pression effectuée avec un objet tubulaire. Il a été associé verticalement au feedback temps réel de l'onde ultrasonore et une lecture logique s'est mise en place : quand la sonde n'est pas en contact, l'interface est muette ; dès qu'elle l'est, les images de feedback s'affichent et celles en temps réel bougent en même temps sur une ligne verticale.
Une métaphore s'est faite entre la zone spécifique de l'imagerie ultrasonore et le corps du patient, à travers le placement du feedback de pression sur la frontière entre la zone supérieure, qui contient des informations plutôt extérieures comme le nom du patient, l'heure, etc., et la zone inférieure de l'image ultrasonore. Sans pression, la limite est plate. Avec pression, elle se creuse et le feedback apparaît autour. La logique est complète quand on sait que le trait ondulatoire blanc se déplace du haut vers le bas, autrement dit de la peau du patient vers l'intérieur de son corps. Dans la version finale du design, cette idée a été poussée encore plus loin avec l'évocation graphique du bout de la sonde et un feedback en demi-cercle qui évoque l'envoi d'ondes.
Cette cohérence entre les capacités d'attention de l'usager, le fond technologique et la présentation graphique des événements sur l'interface, ainsi que leur disposition les uns par rapport aux autres, a permis, par la suite, d'intégrer facilement une nouvelle fonction d'aide à l'analyse du preview, que l'on aperçoit entre le feedback de pression et celui de l'onde ultrasonore. L'histoire de ce détail, qui se réduit à un simple trait lumineux, pourrait lui aussi donner lieu à une analyse instructive sur le rapport entre la conception d'algorithme et la conception d'interface !
L'APCI a décerné une Étoile de l'Observeur du design 2012 à Intactile DESIGN pour l'IHM et à Nova Design pour le design objet de l'appareil FibroScan 502 Touch, édité par la société Echosens.
La société Echosens a été récompensée par un Reddot en 2017 pour le produit FibroScan Mini 430 dont l'objet a été designé par la société Nova et qui embarque l'interface conçue par intactile DESIGN.
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